La lesquenisation des esprits

Le phénomène Lesquen désarme la gauche culturelle

L’élégant et longiligne Henry de Lesquen du Plessis-Casso est un spécimen qui déstabilise les observateurs. Quelle mouche a donc piquée ce grand bourgeois qui n’hésite pas a houspiller la « coterie juive » et la « musique nègre » ?

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Décontraction et bonne humeur

L’apparente absence totale d’inhibition et d’intériorisation des tabous sociétaux  fascine et amuse bien dans des proportions inédites. Les commentaires « types » sur la page facebook de l’intéressé sont ainsi ceux de jeunes (étudiants, lycéens) taguant leurs amis au détour d’un « C un ouf mdr » ou « le gars il n’a aucune limite lol ». On imagine en effet le choc ressenti par ces jeunes, au cerveau lavé à grande eau par les ignobles lessives que sont Hanounana, Konbini ou Slate. Par l’apparente contradiction de la forme et du fond, le phénomène Lesquen crée des dissonances cognitives à foison. La forme « cool » au service du fond « nauséabond » déstabilise les catégories mentales et les réflexes cognitifs du grand public. Comment des idées nationales pourraient être portée par d’autres gens que des skinheads bas de plafonds puants la bière, des retraités OAS  Maurrassien refaisant le monde en buvant du Cognac ou encore par des jeunes « white trash » de la « France périphérique » ?

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Exemple de dissonance : « je dois bien avouer que ça me plaît »

La cohérence interne du logiciel lesqueniste a également de quoi désarmer et attirer l’attention : au nom de la liberté de discrimination, Henry de Lesquen ne s’oppose ainsi pas à la tenue d’un festival « non mixte », cad interdit aux blancs.

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La maitrise des codes internet (largement identifiés voir confondu avec la culture « jeune » par la plupart des observateurs) par les lesquenistes laisse la classe journalistique dans l’embarras. A la manière d’un Aikidoka, H2L utilise la culture internet pour tordre le poignet du cosmopolitisme. L’avantage comparatif psychologique sur lequel il faut jouer est le suivant : les gens tracent largement un signe = entre les idées de droite dure et la bêtise, or H2L a fait Polytechnique et l’ENA, quel imbécile ! L’électeur de Macron – même le plus médiocre et le plus fade- est malheureusement convaincu de sa supériorité sur l’électeur « nationaliste ».  L’hégémonie culturelle sans partage de la gauche (version soupe humaniste) fait croire à des cohortes d’incultes que leurs idées ont l’apanage de l’intelligence et que celles d’en face ne sont que de vulgaires gargouillements d’une plèbe inculte et vraiment trop stupide pour comprendre l’infinie richesse de la diversité. Il convient donc de les déstabiliser par l’humour et une communication maline. En face, on ne trouve que l’inénarrable lourdeur de l’humour officiel à la Sophia Aram.

Refonder la droite sur les ruines de la gauche

Deux constats sur cette catastrophique élection présidentielle :

  • La péremption (espérons définitive) du sarkozisme électoral. Le mou et déprimant François Fillon a voulu jouer au dur et proclamer une ligne droitière qui n’est en réalité pas la sienne. Outre ses déboires, a –t- il convaincu de la sincérité de son « buissonisme » ? Rien n’est moins sûr.
  • La très manifeste insuffisance (voir la nullité crasse) du Front National qui avait pourtant un boulevard inédit devant lui. Marine le Pen, c’est le tireur surentrainé  qui rate un éléphant dans un corridor, et se débrouille pour se faire charger et écraser par ce dernier. Plutôt performante dans les formats interview, elle s’est révélée exécrable en débat, arborant un sourire crispé des plus déplacé et une attitude digne d’un caissière acariâtre au monoprix du coin. Face à Macron, il ne suffisait plus en effet de réciter des éléments de langages, mais de rebondir avec finesse en mobilisant les bons arguments au bon moment, tout en s’efforçant d’adopter une posture présidentielle.

Outre ce débat en dessous de tout, l’échec du FN provient des faiblesses conjuguées du personnage MLP (inculture, arrogance mal placée) et de la ligne Philippot, qui consiste à considérer le public anti immigration comme captif et tout miser sur le souverainisme économique. Il est ainsi urgent de se débarrasser des thématiques monomaniaques inopérantes sur le plan électoral : qui doute encore que la poursuite de l’immigration soit un plus grand moteur de vote pour le FN que les turpitudes de l’UE ?

D’une manière plus générale, la stratégie de dédiabolisation – dont les ressorts stratégiques sont légitimes –  s’est largement apparenté a une fuite en avant qui a fini par ligoter Marine Le Pen à l’arbre du politiquement correct. Malgré la modération de la forme et du fond, le français moyen considère toujours le FN comme un parti « extrémiste » et Marine Le Pen comme une « facho ». N’importe quel analyste sérieux et bien informé serait pourtant contraint de reconnaitre que Marine Le Pen est une chevénementiste, populiste certes, mais qui refuse l’étiquetage politique à droite, préférant largement un clivage souverainiste/mondialistes.

La tenaille antigauche

 

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Le gauchisme est une île cognitive en phase d’être recouverte par les eaux

L’excellente Marion Maréchal Le Pen au discours clair et articulé avait trouvé le bon compromis entre la véhémence et l’autocensure : les choses sont dites clairement mais proprement. Face au gauchisme culturel, elle représente le front « sérieux » et idéologique de la tenaille qu’il faut mettre en place. Sa retraite précoce (et non définitive) est donc une mauvaise nouvelle. Il est impératif que la ligne qu’elle incarne soit portée par des individus compétents médiatiquement performants, à savoir surtout pas des Collard (arriviste) ou des Aliot (simplet). Il faut bien admettre que ce n’est pas gagné d’avance, tant le FN ressemble à un triste champ de ruine…

De son côté, la culture troll et Henry de Lesquen représentent le front metapolitique et culturel, qui vise a subvertir la doxa officielle par l’humour et l’ironie. Cette méthode a d’autres vertus que celle de la pure provocation. Le sujet exposé à cette communication va en effet être tenté de réfléchir davantage sur les sujets abordés, et gageons que certains éléments de langages lesquenistes lui paraitront plus en phase avec la réalité que la langue de bois d’un Cambadelis.  La réalité migratoire devient en effet tellement grotesque et explicite que le narratif angélique de la gauche sociétale est voué à une lente décrépitude.

Henry de Lesquen constitue ainsi un moyen et non une fin, il est le vecteur privilégié de la destruction du politiquement correct, créature hideuse qui agonise, le dos planté d’innombrables banderilles dument méritées.